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l’émergence de formes d’art inconnues jusqu’alors.
mardi 23 janvier

A l’occasion d’une visite à l’exposition la « Villette Numérique 2004 », qui réunissait un bon échantillon de la production des arts numériques, j’ai pris conscience que le monde de l’art entrait dans une nouvelle ère, et que ces nouvelles technologies allaient permettre l’émergence de formes d’art inconnues jusqu’alors.

Les réseaux, Internet, les bases de données, les mondes virtuels... allaient servir de médium à tout un pan de la création artistique.

 
Quelques concepts de l’art numérique
mercredi 24 janvier 2007
par Sylvain
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Quelques concepts de l’art numérique

Un article regroupant Quelques concepts de l’art numérique qui date de 1998 suite à une Conférence donnée à Moss (Norvège) par Jean-Pierre BALPE et qui permet d’avoir une vision universitaire de la réalité de l’oeuvre numérique et du net-art...

L’oeuvre numérique convoque en un même lieu des potentialités sensorielles multiples.

D’une certaine façon l’hypermédia réalise le vieux rêve d’un art total : il unifie ce qui était jusque là séparé. A l’image, par exemple de l’opéra, qui, à sa façon, s’efforçait d’atteindre ce but par une présentation simultanée en un même lieu pour une même fin d’éléments d’origine hétérogène, l’oeuvre numérique convoque toujours en un même lieu la potentialité d’investissements sensoriels multiples. Mais, à la différence de l’opéra, elle les convoque à partir d’un centre moteur unique : il ne s’agit plus de présentation simultanée coordonnée, mais de fusion et d’interopérabilité. Dans l’hypermédia, le son est, de façon circulaire, une composante du texte comme le texte est une composante de l’image... Plus précisément même, parce que ces manifestations sensorielles diversifiées ne sont rien de plus que des codifications différentes de données digitales uniformes, « le son - pour parodier Gertrude Stein - est le texte est l’image est la musique est le mouvement est le son est l’image est... » et - bientôt peut-être - l’odeur.

L’artiste numérique formalise des mondes

Il y a peut-être cette prétention démiurgique au fond de toute oeuvre d’art numérique : simuler les processus vitaux. Pour contourner le vocabulaire religieux, Pierre Lévy (philosophe du cyber espace) parle d’ingénieurs de mondes : l’artiste numérique est celui qui formalise des mondes. Non pas parce que son imaginaire différent de celui de ses prédécesseurs est plus globalisant, mais parce que ce qu’il met en oeuvre, ce sont des possibilités d’interactions dans des systèmes donnant parfois l’impression d’être autonomes. Mais est-ce si étonnant ? Si l’art numérique est celui de l’information de l’information et que la vie elle-même n’est d’ailleurs qu’information...

L’art numérique est un moment simulé d’une matière absente

L’art numérique, parce qu’il repose essentiellement sur la digitalisation, c’est-à-dire sur un traitement symbolique, s’origine sur une rupture : il est un art sans matière. Cela ne signifie nullement que dans ses manifestations de surface il se réalise hors de toute matière, puisqu’il est mémorisé sur des supports matériels et doit, pour s’actualiser, investir celle de divers espaces - écrans, environnements, volumes, etc. La dématérialisation de l’art numérique signale essentiellement que, dans ses fondations, toute création d’art numérique est d’abord pensée en-dehors d’un rapport pragmatique à la matière. En ce sens, il ne prend définitivement forme que dans un simulacre : l’art numérique est un moment simulé d’une matière absente. Le triangle systémique de l’art

A un certain niveau de regard, toute oeuvre d’art est un cas particulier. Pourtant, s’il en était ainsi, il ne pourrait y avoir d’autre réflexion sur l’art que celle qui obligerait à en reconnaître l’unicité et l’aspect ineffable. Car toute oeuvre d’art est en même temps - et de façon indissociable - exhibition d’un ensemble qui la réalise. Cette contradiction apparente provient du fait que toute oeuvre d’art est le moment objectivé d’un système dynamique, la représentation particulière dans un contexte donné des interactions de l’ensemble des variables qui participent à son Être : la forme est le contenu des tensions qui se manifestent dans l’évolution du système ; une stabilité instable. Le même et le différent. C’est en ce sens que l’art - comme le signale Adorno dans sa Théorie esthétique - ne peut pas être appréhendé en terme de communication, qu’il n’a rien à dire et ne peut jamais délivrer de messages : un espace dynamique ne peut en effet se définir que du point de vue d’un observateur lié à cet espace, non d’un extérieur à lui-même. L’art est, au sens propre, une in-formation, une construction interne d’information indépendante de toute autre finalité : il est en lui-même un système homogène de signes.

Même si ce n’est pas ici le lieu de développer cette thématique, sa prise en compte n’en est pas moins indispensable à la compréhension des transformations historiques de la notion d’oeuvre ainsi qu’à celle de la posture créatrice. L’art participe toujours, à la fois et sans séparation, au subjectif, à l’objectif et au culturel comme à toutes les instances au travers desquelles, à un moment donné, ces composantes se manifestent. Cet ensemble d’interactions définit ce qui - de façon quelque peu métaphorique et simplificatrice - peut être désigné comme « le triangle systémique de l’art ».

 

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